Politique
Tiébilé Dramé : le Mali perd un artisan de sa démocratie

Le Mali est en deuil. L’ancien ministre des Affaires étrangères, journaliste et leader politique Tiébilé Dramé s’est éteint ce mardi 12 août 2025 à Paris à l’âge de 70 ans. Figure marquante de la transition démocratique, négociateur reconnu et défenseur acharné du dialogue, il laisse un héritage politique et moral considérable.
Né le 9 juin 1955 à Nioro-du-Sahel, Tiébilé Dramé s’engage très jeune dans le combat pour la liberté. Leader estudiantin dans les années 1970 et 1980, il se distingue par son opposition au régime militaire de Moussa Traoré, ce qui lui vaut arrestations et exil. En France, il travaille notamment pour Amnesty International, défendant les prisonniers politiques africains.
De retour au Mali après la chute du régime en 1991, il participe activement à la transition démocratique et occupe le poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement transitoire. En 1992, il fonde le journal Le Républicain, qui devient une référence de la presse indépendante malienne.
Fondateur et président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), Tiébilé Dramé s’est présenté à plusieurs reprises à l’élection présidentielle, tout en jouant un rôle majeur dans la vie politique nationale. En 2013, il conduit les négociations de l’accord préliminaire de Ouagadougou, qui permet un cessez-le-feu avec les groupes armés du Nord.
Nommé ministre des Affaires étrangères en mai 2019, il plaide sans relâche pour la réconciliation nationale et la stabilité régionale, jusqu’à son départ du gouvernement en 2020.
Le corps de Tiébilé Dramé sera rapatrié de Paris à Bamako jeudi 14 août 2025. Ses obsèques se tiendront vendredi 15 août à Sokorodji, chez lui, en présence de sa famille, de ses proches, de personnalités politiques et de nombreux anonymes venus saluer une dernière fois un “soldat de la démocratie”.
Pour beaucoup, Tiébilé Dramé restera l’image d’un homme de convictions, qui n’a jamais cessé de défendre la démocratie et la liberté d’expression, même dans les heures les plus sombres de l’histoire récente du Mali. Sa voix, parfois critique mais toujours constructive, continuera d’inspirer générations de militants, journalistes et responsables politiques.
